Surveiller et punir
Zjing avait été nommée maître, et prenait son poste dans le Clan de l’Araignée. On sentait déjà les premiers changements suite à l’arrivée des jeunes abbés Aki et Haru, qui tenaient chacun fermement leur cap selon la méthode qu’ils avaient donnée aux équipes dont on leur avait donné la charge.
Ils savaient que la plus dangereuse des périodes serait directement celle de leur arrivée, quand leurs nouvelles méthodes commenceraient avant de produire des fruits par ralentir l’équipe pendant qu’elle s’ajustait, et les jeunes abbés voulaient prouver leur valeur et plaire à leurs maîtres rapidement.
De fait, l’Abbé Supérieur demanda à Zjing ce qu’elle pensait des jeunes abbés, pour qu’il sache à quoi consacrer leur prochaine formation, et si nécessaire pourquoi les corriger.
Zjing lui dit de venir dans la cour au crépuscule.
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Après une dure journée de labeur, le vieux moine Shinpuru terminait sa journée en s’occupant des deux jardinets qu’on lui avait donnés.
“Le bon soir, vieux moine,” dit l’Abbé Supérieur. “Comment cela se passe-t-il avec les deux jeunes abbés que nous vous avons envoyés ? J’ai entendu dire que tu travailles à des projets sous la houlette de chacun d’entre eux, je suis sûr que tu as de quoi les comparer et émettre quelques commentaires.”
“Je vous en prie, venez voir mes deux jardins,” fut la seule réponse de Shinpuru.
L’Abbé Supérieur pensait déjà que Shinpuru était paresseux et idiot, et s’apprêtait à se moquer du vieux moine, mais un coup d’oeil à Zjing, son bâton et ses yeux menaçants lui indiquèrent que ça n’était pas le moment. Il ne dit rien et s’inclina pour signifier son accord.
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En passant devant le premier jardin, l’Abbé Supérieur remarqua : “C’est une belle pelouse bien tenue : j’aime l’ordre, mais il n’y a pas grand chose à dire dessus.”
“On peut dire la même chose de Haru,” répondit Shinpuru.
En passant devant le second jardin, l’Abbé Supérieur remarqua : “C’est un joli massif de fleur, mais un peu chaotique. Je vois du potentiel, à condition que tu le tiennes sous contrôle.”
“On peut dire la même chose de Aki,” répondit Shinpuru. “Mais je ne suis pas sûr de ce contrôle.”
“N’es-tu pas le jardinier ? Ne plies-tu pas la Nature à tes désirs ?” fut la réponse de l’Abbé Supérieur.
“Quelques-uns de ces détails sont de mon cru,” dit Shinpuru. “Mais la plupart sont la force de la Nature à l’oeuvre. Je serais fou de croire que je contrôle ces fleurs, pas plus que je n’aurais pu créer telle beauté si j’avais eu une idée particulière en tête au début.
“Si j’avais voulu respecter un tel plan, je me serais senti bien malheureux en tentant de conserver un cap qui ne menait nulle part. Mais à la place, la Nature m’a montré la voie.”
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L’Abbé Supérieur était encore en train de réfléchir sur ces mots quand Zjing remercia Shinpuru, s’inclina, et prit congé pour la nuit.